Ce n'est pas un dimanche de Pâques comme les autres en Italie, mais le peuple italien, comme le Monde entier, se relèvera et repartira plus fort. C'est le message d'espoir que souhaite faire passer Alessandro Del Piero dans un entretien exclusif accordé à la Gazzetta dello Sport: "Nous vivons quelque chose qui nous changera, pour toujours. Chaque jour, ma première pensée, après celle pour la famille, va aux parents et aux amis qui sont en Italie. C'est une étape dans nos vies, et les sentiments sont partagés. Il y a la douleur pour les morts, la souffrance des familles qui perdent leurs chers mais il y a aussi l'envie de tout de même penser au futur, de repartir, de reconstruire".
Ale a ensuite parlé de football, commençant par faire les éloges de Paulo Dybala, auteur d'une magnifique saison jusqu'à présent et auteur d'un très beau but contre l'Inter avant cette pause forcée: "Une chose est sûre: ses statistiques démontrent à quel point c'est un joueur avec des qualités extraordinaires. Un aussi beau but doit le rendre encore plus conscient de ses capacités. Mais un joueur avec un tel talent et un tel mental doit prétendre encore plus. Paulo ne doit se poser aucune limite, il doit construire son futur. Personne ne te fait le moindre cadeau, encore moins à la Juve. Tu dois tout démontrer jusqu'au dernier match. La parcours de Dybala vient à peine de débuter et la suite sera encore plus belle, toujours sous le maillot bianconero bien évidemment".
La reprise de la Serie A ? Une bonne chose selon lui: "Les faits et les conditions sanitaires doivent être analysées. Mais d'un point de vue sportif il est préférable de terminer la saison, d'attendre le verdict du terrain. Tout le reste est à éviter tant que ce sera possible. La priorité reste la santé de tous, il faudra donc le maximum de sécurité. Mais la deuxième priorité doit être de repartir pour faire face à la deuxième crise: celle de l'économie, du travail. Tout cela doit être repris en considération, même lorsque l'on parle du futur du sport professionnel. Je n'aime pas les discours démagogiques de ceux qui criminalisent ceux qui veulent se remettre en marche. C'est la raison pour laquelle j'estime que quand les médecins donneront leur feu vert il sera juste de recommencer à jouer, d'abord à huis clos. Ce que nous pouvons faire aujourd'hui, c'est continuer à travailler, à étudier les formules des championnats, les calendriers, et penser à ensuite relancer un secteur qui crée de l'emploi. Je ne pense pas que cela soit un manque de respect envers la vraie priorité, c'est-à-dire la santé. Cette inquiétude pour le futur concerne le football en général, pas seulement la Serie A. Je pense aux divisions inférieures. C'est justement le moment de tripler les forces: pour repartir et pour réellement changer".
Comment mieux repartir ? "En ajustant l'équilibre entre les coûts (notamment les salaires et les commissions) et les recettes (stade, droits tv, merchandising) afin de garantir de la longévité aux clubs. Se pose également la question du rapport avec le public: le football italien s'est isolé, il n'est pas suffisamment proche des gens, aussi bien dans l'image (souvent erronée) que se sont faits certains joueurs bien malgré eux, que pour le problème des stades, inadaptés aux familles. Nous devons nous diriger vers une dimension plus 'américaine' dans la geste des lois professionnelles, en voyant le football comme un sport et un show, tout en conservant nos spécificités et nos traditions européennes. Peu de règles et une vraie obsession pour le niveau du spectacle, de l'image et de la compétitivité".
