Le report de Juventus-Inter fait débat en Italie. Côté bianconero, on trouve cette décision plutôt logique et sage tant pour la santé que pour le spectacle et l'image du football italien. On estime qu'un tel match, avec autant d'enjeux, et alors qu'Inter-Juve s'était joué avec un stade plein à craquer en octobre dernier, est plus juste et cohérent.
Côté interiste, on y voit un championnat faussé, on estime que la Juventus a influencé cette décision de report et les prescrits n'hésitent pas à reparler de Calciopoli. Tous crient au scandale, estimant que la décision n'est pas juste et que le calendrier de l'Inter était déjà bien trop chargé que pour venir lui rajouter une telle affiche le mercredi 13 mai. Il est vrai que l'Inter devra potentiellement disputer 9 matches en moins d'un mois. Juve-Inter tombe trois jours après un match contre la Samp et quatre jours avant un déplacement à Cagliari. Mais la situation risque d'être aussi complexe pour la Juventus puisqu'il devra également potentiellement disputer 9 matches du 26 avril au 24 mai, pour autant que son parcours européen se poursuive et qu'elle dispute la finale de Coupe d'Italie le 20 mai.
Qu'on le veuille ou non, le football reste un Business à part entière. La Serie A est un produit qu'il faut vendre et exporter. Jouer à huis clos un Juve-Inter aussi attendu, aussi important sur le plan sportif, n'avait de sens pour personne. Cela aurait également donné une bien triste imagine du football italien. Une image erronée au vu du magnifique bras de fer que se livrent la Juve, la Lazio et l'Inter depuis le début de la saison. Cette décision était donc la plus logique, pour tous, y compris pour les tifosi.
Dans un entretien accordé à Sky Sport, l'administrateur délégué de l'Inter de Milan, Giuseppe Marotta, a fait part de son grand désarroi: "Je tiens à souligner, en tant que citoyen, qu'il est normal de protéger la santé de tous: c'est le premier objectif. A partir du moment où nous parlons de football, faisons-le de la meilleure des manières, en essayant de trouver un critère univoque pour la compétitivité [...] La Lega parlait de sacrifice nécessaire pour les huis clos, je ne vois donc pas d'autre issue possible: nous avons convoqué une assemblée et le Conseil d'Administration de la Lega. Je ne veux pas créer des polémiques, la Lega a pris cette décision et nous en prenons acte. Cela ne concerne pas seulement Juve-Inter, mais également d'autres matches qui débuteront bientôt. C'est une décision de dernière minute, on pouvait l'éviter. Je suis inquiet pour le futur. Nous vivons une situation extraordinaire, délicate, il y a des problématiques d'économie et de réputation mondiale. Le sport doit passer après: nous aurions donc pu mieux gérer cette situation. Aujourd'hui, nous sommes face à un football serré au niveau du calendrier, les professionnels sont soumis à un grand stress. Il faut revoir le Calcio, et s'il y a un sens à poursuivre avec une Serie A à 20 équipes: je suis pour un championnat à 18. Il est clair que cette situation était imprévisible, mais elle doit nous faire réfléchir pour essayer de trouver des créneaux libres durant la semaine en vue d'éventuels matches à récupérer. Je suis préoccupé. En tant que dirigeant, je dis que nous nous sommes retrouvés face à une décision soudaine de la ligue italienne de football. Je me demande ce qu'il se passera si cette situation se prolonge jusqu'au 8 mai dans les régions à risque, je me demande comment sera géré le calendrier. Nous sommes dans une situation difficile à gérer, le critère adopté pour cette journée devra être adopté également pour dimanche prochain. Ce que l'Inter a demandé, c'est donc de convoquer un Conseil extraordinaire. Les thèmes à aborder sont nombreux et délicats et ils doivent préserver le juste équilibre et la compétitivité de notre championnat".
